Billet d'humeur : J'ai fait un rêve !

En 1984 (ça ne nous rajeunit pas), en sortant de la projection du film Wargame où le héros communiquait par ordinateur via un modem sur lequel il posait son combiné téléphonique ( !) sur un « réseau » informatique, accédant à des banques de données à distance, un ami et moi – alors jeunes étudiants en informatique - avons rêvé le réseau internet, peu ou prou tel qu’il existe aujourd’hui, avec un accès quasi-illimité et gratuit à une somme d’informations à peine imaginable.
 
Ce rêve est devenu réalité. Avec toutes les imperfections et dérives que le web a généré, il a le mérite d’exister au point que l’on n’imagine même pas s’en passer. Quel rapport avec la hifi me direz-vous ?
 
Aujourd’hui, je fais un autre rêve. Je rêve d’un accès illimité et de qualité à la musique depuis mon canapé et ce rêve, je le sens, est proche de se réaliser. Tous les éléments sont déjà là, il ne reste plus qu’à les rassembler pour former un tout.
 
Je m’explique :
 
* Je rêve qu’un site de streaming propose un catalogue quasi-exhaustif de musique : on y est presque avec des sites comme Rhapsody, Deezer, Spotify ou, plus récemment, Qobuz, qui proposent plusieurs millions de titres, même si l’on est encore loin de l’exhaustivité.

* Je rêve que ces sites proposent un streaming de qualité au moins équivalente au CD pour arrêter d’élever la médiocrité du MP3 comme étant la norme : un site comme Qobuz annonce être en mesure de le faire.

* Je rêve que ces sites proposent par ailleurs une richesse éditoriale permettant de s’informer sur les artistes, les compositeurs et favorisant ainsi la découverte : un site comme Rhapsody propose ce type de richesse éditoriale grâce à un accord passé avec All Media Group, éditeur du site www.allmusic.com, véritable référence en la matière. Qobuz propose aussi une richesse éditoriale qui lui est propre et donc inédite.

* Je rêve que ces sites soient accessible via une télécommande tactile permettant de naviguer, de faire des sélections et d’écouter immédiatement l’œuvre sélectionnée sur son système hifi : le système Sonos propose une interface avec certains de ces sites.

* Je rêve que ces sites proposent la possibilité de se constituer des listes de lectures personnelles : presque tous le proposent déjà.

* Je rêve que ces sites puissent générer des listes de lectures à partir d’un choix initial d’artiste ou de chanson : la fonction Genius d’iTunes ou le site Deezer le proposent.

* Je rêve que cette musique en streaming soit accessible de n’importe où à partir d’un ordinateur ou d’un téléphone portable, connecté à un système hifi ou en tant que baladeur : Rhapsody et Deezer le proposent déjà mais dans une qualité médiocre.

* Je rêve que le prix demandé pour l’abonnement à ces sites soit raisonnable, en s’inspirant du modèle économique des applications pour iPhone, proposées à un prix très faible grâce à une diffusion de masse : on y est presque avec des sites comme Rhapsody ou Qobuz qui cumulent déjà plusieurs de ces fonctionnalités pour un coût mensuel inférieur à 15 €, ce qui correspond au prix d’un seul CD.

* Je rêve que l’Etat considère le streaming de musique comme un produit culturel au même titre que les livres ou les disques et applique une TVA à 5,5%, ce qui favoriserait un prix raisonnable.
 
Un petit effort messieurs : prenez le meilleur de chaque solution et proposez une offre qui réalise mon rêve !
 
Alors, oui, ce rêve signifie la mort à court terme du CD, mais cela peut contribuer résoudre aussi bon nombre de problèmes.
 
La question du stockage et des sauvegardes : puisque la musique est en streaming, plus besoin de la stocker sur disque dur, de l’indexer pour la retrouver, d’effectuer des sauvegardes pour ne pas tout perdre en cas de « crash » du disque dur.
 
La question du piratage : lorsque ces offres seront matures, largement diffusées et financièrement abordables, elles proposeront une facilité d’usage, une plus-value éditoriale, un côté instantané (j’écoute immédiatement ce que j’ai sélectionné) et une qualité d’écoute sans équivalent avec les vilains MP3 téléchargés illégalement, nécessitant l’utilisation d’un ordinateur, de passer par des logiciels de Peer to Peer, de trouver les sites de téléchargement en faisant attention aux virus, etc., il est plus que probable que bon nombre de pirates changent leurs pratiques. Par voie de conséquence, plus besoin d’imaginer des Lois anti-piratage qui sont obsolètes et inapplicables avant même leur rédaction…
 
La question de la baisse du chiffre d’affaires de « l’industrie du disque » pourrait être compensée au moins pour partie par l’adhésion d’un grand nombre de personnes - y compris une partie de ceux qui n’achetaient plus de disques pour cause de piratage - qui paieraient un abonnement mensuel et par la régularité de ce type de revenus (toujours le modèle économique des applications pour iPhone).
 
Enfin, last but not least, la question des droits : ce type de site sait en temps réel quel titre est écouté et par combien de personnes. La redistribution des droits d’auteurs serait donc considérablement simplifiée. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi les artistes ne soutiennent pas ce type d’initiatives qui résoudrait bon nombre de leurs problèmes en matière de droits d’auteurs…
 
Nous y sommes presque et je suis impatient que tout cela se réalise !

A bientôt,

Guillaume