Billet d'humeur : Les bonnes pratiques respectives pour les écoutes...

... comparatives en magasin

Voila un billet d'humeur qui ne nous fera pas élargir notre cercle d'amis chez certains concurrents, mais il n'est plus possible de laisser faire.

Nous voyons trop souvent des clients venir nous voir pour choisir un système et qui nous racontent avoir été écouter des produits dans d’autres magasins et nous faire ce type de remarques :

• ils m’ont fait écouter deux systèmes et il y en a un que j’ai préféré mais il était deux fois plus cher…
• j’ai bien aimé tel système mais il était 1.000 € au-dessus de mon budget…
• le son était très fort, beaucoup plus fort que mon niveau d’écoute habituel…
• j’ai pu écouter plusieurs enceintes dans la même gamme de prix, il y avait un switch qui permettait de passer de l’une à l’autre…

Arrêtez de vous faire avoir par des vendeurs sans scrupules !

• demandez à comparer des produits dans une même gamme de prix. Un produit beaucoup plus cher sera forcément meilleur, il n’y a pas de miracle.
• annoncez votre budget maximum et demandez qu’il ne soit pas dépassé, quoiqu’il arrive. Si vous écoutez au-dessus, soit vous allez exploser votre budget, soit cela va générer de la frustration pour tout ce que vous écouterez dans votre budget qui vous paraîtra fade.
• demandez la télécommande de volume ou, à défaut, demandez à ajuster le volume à un niveau d’écoute « domestique ». Il est très facile de jouer fort et beaucoup plus difficile de bien fonctionner à plus faible volume sans trop perdre de détails.
• Dans le cas du switch, la comparaison est biaisée pour deux raisons : vous n’écoutez pas la même partie du morceau et donc, votre référentiel est différent d’une enceinte à l’autre. De plus, les enceintes n’ont pas toutes la même sensibilité. Donc, au même volume sur l’ampli, certaines joueront plus fort que d’autres et celle que l’on entend le plus fort paraît presque toujours meilleure. Il faut donc ajuster le volume de l’ampli pour chaque enceinte, de sorte que le niveau sonore soit le même.

Il est indispensable de cerner le contexte de l’écoute au départ, sans se laisser entraîner dans des dérives commerciales qui sont finalement plutôt contre-productives. En effet, si vous ne vous votez pas un budget supérieur, le magasin a tout perdu. Il a raté son « upgrade » financier et il ne peut plus vous faire redescendre dans votre budget puisque tout vous paraît moins bien. Alors il peut espérer attraper quelques clients avec ces méthodes douteuses mais, sur le nombre total de personnes, le calcul est plutôt mauvais, sans compter la mauvaise pub qui lui serait faite parce qu’il « pousse à la consommation ».

Ceci étant dit, je vais maintenant vous raconter une histoire de fleuriste…

Un fleuriste de quartier voit un client entrer dans sa boutique et lui demander :

- Bonjour, je voudrais un très beau bouquet pour ma fiancée mais je n’y connais rien en fleurs. Pouvez-vous me conseiller ?
- Bien sûr, mais c’est avant tout une question de goûts. Savez-vous quelles fleurs et quelles couleurs aime votre fiancée ?
- Je sais qu’elle aime les roses et les tulipes. Pour les couleurs, elle n’aime pas le jaune, mais je n’en sais pas beaucoup plus…
- Bon, c’est une base de départ. Avez-vous un budget maximum que vous ne souhaitez pas dépasser ?
- Oui, je peux mettre 30 €, voire plus si je trouve que cela en vaut la peine.
- Très bien, commençons. Si je vous propose ces roses rouges, avec quelques roses pâles et ces quelques tulipes comme base, cela vous plaît ?
- Oui, c’est pas mal. J’aime bien aussi les Lys, ça vous paraît bien aller avec le reste ?
- Essayons et vous me direz ce que vous en pensez…

L’échange continue un bon moment et le fleuriste compose le bouquet en fonction des indications du client pour arriver au bouquet qui lui ressemble et qu’il sait qu’il fera plaisir à sa fiancée. Le fleuriste termine l’emballage et demande au client ce qu’il pense du résultat.

- Ecoutez, je suis ravi, c’est exactement ce que je voulais. Cela fait quel prix ?
- Nous arrivons à 28 €. - Parfait, c’est pile dans mon budget. Dites-moi, pourriez-vous me le mettre de côté ? j’ai quelques courses à faire, je repasserai le chercher un peu plus tard.
- Pas de souci, à plus tard…

Un peu plus tard, le fleuriste reçoit un appel téléphonique :

- Bonjour Monsieur, je suis le client qui n’y connaissait rien et que vous avez conseillé pour un bouquet pour ma fiancée. Voila, je suis vraiment content du résultat et de vos conseils mais, pour tout vous dire, j’ai vu un bouquet presque identique sur internet, sauf qu’ils me le proposent à 19,99 €. Cela fait quand même une différence… vous pourriez vous aligner ?
- Ah, je suis vraiment désolé, Monsieur, mais ce n’est pas possible que je m’aligne sur ce prix. Je vous ai déjà arrondi le prix pour rester dans votre budget, en ne vous comptant pas les tulipes, mais je ne peux pas faire plus.
- Je comprends… Encore une fois, j’ai apprécié vos conseils mais vous comprendrez aussi que la différence de prix est significative… Je suis vraiment désolé mais je vais acheter mon bouquet sur le site internet…

Bien évidemment, cette histoire – plutôt choquante - n’est pas vraie. Il ne viendrait à l’idée de personne d’avoir ce genre d’attitude avec un fleuriste de quartier… n’est-ce pas ?

Pourtant, nous rencontrons très exactement les mêmes comportements tous les jours, sans que cela ne choque personne.

Vous me direz que les sommes en jeu ne sont pas les mêmes, c’est vrai, mais cela renforce la démonstration : que ferez-vous quand les magasins « physiques », où il est possible de comparer et de choisir, auront disparu à cause de cette logique de recherche du plus bas prix ? Comment savoir si les 1.000 €, 3.000 € ou 5.000 € que vous vous apprêtez à dépenser dans un système Hifi, le seront pour un système qui correspond à vos attentes et à votre goût ?

Vous n’en saurez rien, il faudra croire un télévendeur sur parole. Un télévendeur briefé tous les matins sur la liste de produits à déstocker en priorité…

A ce stade, ça ne sera plus la différence de prix que vous risquerez, mais la totalité de votre budget ! dans un système inadapté ou ayant une sonorité qui ne vous plaît pas.

Et ne croyez pas que nous exagérons, même si certains s’en sortent mieux que d’autres, beaucoup de magasins souffrent de ces comportements et finissent par fermer, surtout en province. Si ces pratiques se généralisent, il faudra moins de 5 ans avant que tout ce qui touche à la Hifi, même haut de gamme, se passe exclusivement sur internet. Il sera trop tard pour le déplorer…

Guillaume (pas totalement déprimé pour autant, rassurez-vous)